l'apprentissage du clavier

Votre enfant dyspraxique a une écriture lente et malhabile. Alors, vous avez peut-être pensé au passage sur ordinateur ? Mais il y a t-il un « bon » moment pour l’apprentissage du clavier ? Faut-il attendre l’entrée au collège ou préparer l’enfant deux ans en amont ? Quels sont les pré-requis ? Et puis, l’outil informatique est-il vraiment la solution à la dysgraphie ? Toutes ces questions, je me les suis également posées pour mon fils. Et voici ce que j’ai découvert.

Pourquoi envisager l’apprentissage du clavier ?

Qu’est-ce qui justifie d’utiliser un ordinateur plutôt que d’écrire à la main ?

Avant de commencer, il est bon de se poser la question du pourquoi ? Qu’est ce qui justifie d’utiliser un clavier plutôt qu’un crayon ? Quels sont les signes qui vous ont mis la puce à l’oreille chez votre enfant ? Pourquoi envisagez-vous l’apprentissage du clavier pour lui ? La réponse, nous la connaissons tous, c’est une mauvaise écriture. Bien sûr, chaque enfant est différent et chaque dyspraxie l’est tout autant. Mais, il faut savoir que quasiment tous les enfants dyspraxiques sont dysgraphiques. L’écriture est illisible. Et/ou le geste est lent, trop lent pour suivre en classe et effectuer une prise de note efficace. Son orthographe est médiocre. Et l’effort que lui demande le geste graphique est considérable par rapport au résultat attendu. Ce sont dans un premier temps, les quatres critères qui peuvent vous servir à évaluer si oui ou non l’apprentissage du clavier est nécessaire : la lisibilité, la vitesse d’écriture, la qualité de l’orthographe et le coût cognitif, soit la fatigabilité. Si c’est le cas de votre enfant, alors il est temps d’aller voir un ergothérapeute. C’est en faisant un bilan, qu’il ou elle pourra évaluer ses quatre compétences et vous orienter vers ce choix ou non.

L’entraînement peut-il résoudre la dysgraphie ?

Autrement dit, avant l’apprentissage du clavier, une rééducation peut-elle être efficace ? On sait qu’un enfant dyspraxique rencontre de grosses difficultés dès les débuts de l’apprentissage de l’écriture. Quand, je dis, les débuts, comprenez, dès la maternelle. En effet, c’est lors de la préparation pour l’entrée dans le langage écrit, que les enseignants et les parents repèrent le plus souvent, les premiers signent du trouble du développement de la coordination. Sans savoir, la plupart du temps, que c’est bien un trouble. D’ailleurs si vous avez un doute pour votre enfant, vous pouvez télécharger gratuitement mon guide pour déceler une dyspraxie sans bilan ni diagnostic.

Lors des activités dites de motricités fines, l’enfant dyspraxique est généralement, plus malhabile que ses pairs. Pourquoi ? Les gestes de l’écriture sont complexes. Ils impliquent une préparation et un entrainement. C’est par une séries d’essais/erreurs que le geste va s’affiner puis s’automatiser. L’enfant va développer ses capacités motrices, perceptives, donc sensori-motrices et visuo-spatiales et pouvoir permettre, par la suite, cette automatisation. Hors chez un enfant dyspraxique, le nombre d’essai/erreurs va être beaucoup plus conséquent qu’un enfant de la même classe d’âge. À cause de déficits sous jacent (sensori-moteur et cognitifs) l’enfant n’automatisera pas. Il parviendra peu-être à gagner en lisibilité ou en vitesse mais au prix d’efforts qu’on ne sait pas encore quantifier. Par contre, on sait que ce coût cognitif, en revanche empêche la double tâche. L’enfant ne pourra pas écrire et apprendre ou écouter en même temps. Il ne faut pas oublier que la dyspraxie et notamment ici, la dysgraphie sont bien des troubles persistants et durables. Alors à la question, l’entraînement peut-il résoudre la dysgraphie ? Ma réponse est non !

Et ceci justifie, à mon sens, un argument pour l’apprentissage précoce du clavier.

Quels sont les pré-requis pour l’apprentissage du clavier ?

Je pense que l’apprentissage précoce du clavier peut-être une bonne chose, pour plusieurs raisons que nous verrons plus bas. Mais pas sans pré-requis. Cela demande un investissement financier, de part l’apprentissage du clavier avec les séances chez un ergothérapeute non remboursées par la sécurité sociale. Et d’une autre part, pour l’achat du matériel. Ceci dit, il est possible d’obtenir un financement par la Maison Départemental des Personnes Handicapées (MDPH), avec également un prêt d’ordinateur. Si vous souhaitez faire une demande, mais que vous ne savez pas comment faire, sachez que j’ai enregistré un accompagnement vidéo pour monter un dossier MDPH en Béton. Dedans je vous donne la marche à suivre pour obtenir tous les documents utiles et vous aides à remplir les différents formulaires.

L’apprentissage du clavier demande également un investissement personnel, de la famille et de l’enfant. Ce dernier doit-être volontaire et impliqué. Aussi, vous devrez être prêt à accompagner votre enfant vers cet apprentissage. Cela va prendre du temps et des efforts pour savoir taper, enregistrer des documents, être capable d’utiliser les différents logiciels et pouvoir scanner et imprimer. Mais tout ceci doit se faire avec l’accompagnement d’un ergothérapeute.

Pourquoi il ne faut pas attendre pour voir un ergothérapeute ?

Par apprentissage précoce, j’entends, dès la fin du CE2. Pourquoi ? L’enfant apprend à écrire officiellement en CP. Alors, comme pour la dyslexie, un retard de deux années devrait-être l’indicateur que l’apprentissage du clavier est nécessaire. Pourtant, je vois trop souvent et moi la première, des parents et même des professionnels qui attendent que l’enfant prennent du retard dans ses apprentissages. Mais d’après moi, dès les premiers signes, il ne faut pas perdre de temps pour contacter un ergothérapeute. Pourquoi ?

Les places sont chères !

Les parents ne le savent pas toujours et s’en rendent comptent malheureusement bien trop tard. Mais, un rendez-vous pour une rééducation est souvent long à obtenir. Ces professionnels de santé sont de plus en plus sollicités et ont très peu de places disponibles. Votre enfant peut attendre jusqu’à 6 mois, un an avant d’avoir une prise en charge ! Donc plus tôt vous prendrez contact, mieux ce sera. Une fois le bilan passé, il vous faudra entamer les démarches administratives.

Les démarches administratives prennent du temps

Il faut savoir que si votre enfant à effectivement besoin d’utiliser un ordinateur en classe, il vous faudra une notification de la MDPH. Sans notification officielle, votre enfant ne pourra pas apporter son pc à l’école et s’en servir pour ses apprentissages. Car il peut être mis en place uniquement dans le cadre d‘aménagements spécifiques. Aussi, à partir du moment où vous déposez le dossier, la commission a souvent un délais de 4 mois minimum, pour traiter votre demande et avant de rendre un avis. Aussi, l’obtention du matériel n’est pas forcément immédiat.

L’apprentissage du clavier peut être long

La seconde raison est que l’apprentissage du clavier peut-être plus ou moins long suivant les enfants avant d’être fonctionnel. Même si c’est un geste moteur plus simple que l’écriture, il doit quand même être automatiser. Aussi, dans le cas d’une dyspraxie visuo-spatiale, l’enfant devra apprendre en clavier caché. Ce qui peut constituer une difficulté supplémentaire.

Il y a t-il un impact psychologique pour adolescent dyspraxique ?

L’introduction tardive en classe, de l’ordinateur chez un adolescent entre 12 et 14 ans peut avoir un effet stigmatisant pour l’enfant. Lié au fait que cet apprentissage prend du temps et que les bénéfices sur les résultats scolaires ne sont pas immédiats, ceci peut avoir un impact psychologique. Il peut entraîner une baisse d’estime de soi de l’enfant. Les résultats d’une étude montrent que : le total d’estime de soi est plus élevé chez les adolescents ayant un ordinateur depuis plus de deux ans, et cela particulièrement dans le domaine scolaire.

Est-ce que vous vous demandez encore si c’est le bon moment pour l’apprentissage du clavier ?

Faut-il continuer à écrire à la main ou utiliser un ordinateur ? Comme d’habitude, on vous dit d’attendre. Qu’il faut encore et toujours que votre enfant s’entraîne pour arriver à automatiser le geste de l’écriture ? Quand est-ce qu’il faut arrêter de s’acharner ? Et surtout, quand est-ce que l’outil informatique devient-il indispensable pour un enfant dyspraxique ? Si vous vous posez encore la question, la première chose à faire et de décrocher votre téléphone et de contacter un ergothérapeute. L’avis d’un professionnel est la première chose à prendre en compte. La suite dépendra de votre enfant, de ses besoins et de VOUS. Le Trouble du Développement de la Coordination est encore trop mal connu et la dysgraphie qui en découle également. Vous n’êtes pas à l’abris d’avis contraire entre les différents praticiens (orthophonistes, psychomotriciens, ect). Mais en prenant en considération les résultats du bilan ergo, ce que je viens de vous énoncer plus haut et en écoutant votre intuition, vous serez en mesure de faire le bon choix pour votre enfant.

Et vous, si vous êtes professionnel de santé ou parent, quel est votre avis ? Quand pensez-vous qu’il est bon de mettre un enfant dyspraxique sur ordinateur ? Quel est votre expérience à ce sujet ? Merci de partager votre opinion dans les commentaires.

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12 réponses

  1. Bonjour, je suis enseignante en collège et maman d’un enfant multidys de 8 ans. Dans beaucoup d’établissements le PAP suffit pour que les élèves puissent utiliser un ordinateur en classe. Celui-ci est validé par le médecin scolaire. Reste que si l’enfant n’est pas reconnu par la mdph, l’achat de l’ordinateur et les séances d’ergothérapie sont à la charge des familles.

    1. Bonjour, merci beaucoup pour votre complément d’information. L’autorisation est donc, dans ce cas là (PAP) un accord avec l’établissement, « l’équipe éducative », et le médecin scolaire. Et c’est très bien que ce soit accepter sans pour autant avoir une notification MDPH. Mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas, dans toutes les écoles. Par contre, la notification MDPH rend l’aménagement « obligatoire ». L’établissement est donc ici, tenu de respecter la loi inclusion de 2005.

  2. Bonsoir il faut aussi savoir que pour les amenagements au baccalauréat les rectorats refusent de plus en plus les logiciels de correction orthographique alors que l eleve a fait toute sa scolarité avec

  3. Je tiens à vous remercier pour vos conseils. J’ai déjà fait toutes ces démarches et mon va bientôt avoir son ordi en début de CE2! Mais ça fait beaucoup de bien de lire votre expérience, on se sent moins seule !?

    1. Bonjour Marie Dominique, merci beaucoup pour votre commentaire ❤. C’est super pour votre fils et bravo d’avoir fait les démarches. Il n’est jamais trop tôt ! Ainsi votre enfant pourra être autonome quand les apprentissages et les matières seront plus conséquents. ??

  4. Maman de 3 atypiques: mes grands 17 et 14 ans aujourd’hui ont été diagnostiqués dyspraxiques ( tdc) avec dysgraphie sévère pour mon aîné et un peu moins sévère pour sa soeur alors qu’ils étaient en ce2 pour l’un et en CE1 pour la seconde. Le temps de découvrir ces troubles et de trouver les ( bons) pros, mon fils a eu son 1er ordi en cm1 et sa soeur en ce2. Après un 1er refus MDPH ( sans aide) j’ai naïvemrnt écouté les enseignantes qui me disaient de laisser tomber et que les Dys relevaient du pap (ils ont pourtant eu des dossiers par la suite et donc des PPS). Donc, a l’époque achat des ordis perso grâce à une super association de parents Fusofrance. Mes enfants ont été équipes de pc tactiles . Le top en classe! Pour ma fille, j’ai ensuite testé l’iPad ( et me suis formée faute de trouver des pros connaissant la tablette). C’est aussi un bel outil et je lui ai donné le choix. Finalement, elle a gardé le pc en classe avec l’organisation fuso : Onenote , véritable cartable numérique, sert de logiciel de base .
    Ce qui aura été le plus compliqué dans la mise en place effective de l’ordi en classe, c’est la réticence par manque de connaissance des enseignants particulièrement en primaire. Pour eux, 1) il fallait s’entraîner pour arriver à écrire au stylo et 2) on retient mieux ce que l’on écrit…sauf que , si cela s’avère vrai en général, cela ne s’applique pas quand l’élève a un trouble neurodeveloppemental!
    Il y avait sans doute aussi la peur de devoir gérer un nouvel outil alors que l’enfant apprend rapidement si on lui en laisse l’opportunité.
    J’ai beaucoup appris depuis cette période pour pouvoir faire appliquer les préconisations des pros, rappeler chaque année le diagnostic mais je regrette de n’avoir pas su libérer mes enfants du stylo avant la 6 ème.(j’utilise le terme « libérer » pour insister sur le stylo qui pesait comme un boulet dans les mains de mon fils dysgraphique très sévère pour lequel j’ai recopié et récupéré bien des leçons faute d’avoir une écriture lisible ou assez rapide pour avoir des cours complets) ..
    Au college, introduction complète de l’ordi : la plupart des réticences sont tombées même si les aménagements n’étaient pas toujours bien suivis…
    Au lycée, c’est plus simple mais l’élève doit être autonome et ne pas trop compter avoir les docs sur clef.
    Ce qui m’étonne encore, c’est de constater qu’ils sont encore bien peu nombreux à bénéficier de cette compensation ou alors obtiennent des outils non adaptés prêtés par le rectorat qui resteront finalement au placard. ( Dans le 17, des pc bloqués ( non modifiables même par l’ergo) avec seulement des logiciels gratuits?.. )
    Et combien de fois ai je entendu que l’ordi perso serait refusé au bac…pourtant j’ai obtenu la
    notification examens 2022 pour le dnb de ma fille et pour le bac de mon grand. Sur recours, j’ai même obtenu le droit d’utiliser Antidote mais y arriverais je à nouveau pour le bac de ma fille ( dyslexie très sévère)?
    C’est un combat sans fin pour les familles, un investissement conséquent en temps, en recherche de solutions, de pros, en formation, en argent.. pourtant si l’école préparait vraiment au monde du travail, utiliser un ordinateur ou une tablette en classe devrait coule de source et pas seulement pour les Dys…

    1. Merci beaucoup pour votre témoignage. Je suis entièrement d’accord avec vous.
      L’utilisation d’un ordinateur en classe devrait être évidente de nos jours.
      Mais là encore, on voit l’inertie du système scolaire qui a du mal à sortir
      de son carcan académique et datant de l’après-guerre.

  5. Bonjour,
    Maman d’un garçon de 9 ans dyslexique, dysgraphique scolarisé en CE2..mon enfant avait commencé des séances de rééducation de l’écriture mais c’était trop douloureux pour lui ..je lis avec beaucoup d’intérêt vos parcours et témoignages . J’ai appelé la MDPH et effectivement c’est le parcours du  » combattant  » pour ce PC ..et je suis tout à fait d’accord c’est très compliqué pour nos enfants tous les jours ( le stylo qui est un véritable boulet) et les parents en recherche de professionnels ( si possible les bons ) , l’énergie , et également le coût financier …pas étonnant que ce soit du côté des enfants où des parents nous sommes des profils certe atypiques mais également plein d’originalité et de ressources pour nous adapter à un monde scolaire qui a parfois bien du mal à comprendre les difficultés des  » dys » au quotidien ..on demandera souvent à l’enfant plus toujours plus malgré sa fatigue … l’adaptation à ces limites avec ce type de difficulté ..de notre côté nous avons pour l’instant de la chance les équipes éducatives qui se sont occupés et s’occupent de mon fils font bien les choses avec des outils adaptés et font aussi à l’écoute et au moral … très important de vivre sa vie d’enfants malgré cette différence ..

  6. Bonjour Madame,
    Mon fils est dyspraxique neuro visuel en cm2. C est impossible de trouver une ergotherapeuthe hors des heures de cours qu il ne veut pas rater.
    Existe t il des supports pour apprendre à taper au clavier en autonomie avant le collège.
    Je vous remercie, par avance, de votre aide.

    1. Bonjour,

      Merci pour votre question. Quand mon fils faisait des séances avec son ergothérapeute, il lui avait fait télécharger deux logiciels d’entrainement.
      Le 1er s’appel Tip Tap. Vous pouvez le télécharger gratuitement et en français ici : et le second s’appelle Tap’touche qui lui, est payant mais vous pouvez faire un essai en téléchageant la version gratuite ici. J’espère que c’est deux logiciels pourront aider votre fils en attendant de trouver un ergothérapeute. Sachez également que pour certains enfants l’utilisation de la tablette est plus simple d’utilisation, plus pratique à transporter et moins lourde dans le sac. Aussi, n’hésitez pas à faire une demande d’AESH auprès de la MDPH pour aider votre fils au Collège. Ainsi elle pourra lui servir de secrétaire avant qu’il soit totalement autonome avec le clavier d’un ordinateur ou avec une tablette. 😉

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