Pour ce premier article, j’ai choisi un livre très facile à lire, édité en octobre 2014, qui aborde une alternative à la pédagogie traditionnelle, la pédagogie positive. Pour ceux qui découvrent le terme, c’est le fait de s’intéresser aux conditions favorisant le bien-être de l’enfant, dans la globalité de ses besoins (cognitifs, émotionnelle, relationnelle et physique) dans le cadre des apprentissages. Ses auteurs, Isabelle Pailleau psychologue clinicienne du travail et des apprentissages et Audrey Akoun thérapeute cognitivo-comportementaliste, l’on écrit avec humour et praticité. Quant à l’illustratrice filf , elle apporte la cerise sur le gâteau et contribue largement au plaisir de lire ce livre.

En pratique, et c’est là que ce livre est tout particulièrement intéressant et ludique, elles proposent des astuces à mettre en oeuvre facilement, des cas concrets (à partir d’une difficulté rencontrée, elles expliquent comment y remédier), des exercices à expérimenter etc…

Pour commencer, le 1er grand Chapitre: « L’apprentissage dans tous ses états »

Sous cette première partie elles déroulent trois thèmes:

1.Un état des lieux et la pression que ressentent les enfants par rapport à la réussite scolaire et les troubles que cela engendre chez eux ( trouble du sommeil, de la mémoire, inhibition, peur de l’échec, troubles du comportement: agressivité, alimentaire, dépression ect…)

2.La chasse aux mythes du genre « si on réussit sans effort, ça n’a pas de valeur ». Elles rappellent par ailleurs que le mot travail vient de tripalium, objet de torture du Moyen-âge. Comme quoi la souffrance est bien ancrée dans nos croyances judéo-chrétiennes en ce qui concerne le travail et les apprentissages.

Elles font mention de l’effet Pygmalion, tout à fait édifiant sur la conséquence de notre comportement et l’effet qu’il a sur la réalité de nos enfants.

L’effet Pygmalion pour résumer, découle de l’expérience réalisé par le psychologue américain R.Rosenthal qui démontre que la perception négative ou positive qu’a un adulte sur les capacités d’un enfant va influencer son comportement vis à vis de lui et que du même coup les résultats de l’enfant en seront impactés. Cette découverte est aussi valable pour n’importe quel individu qui exerce une « autorité » sur un autre individu.

Vous pouvez aller lire cette article très intéressant sur l’effet pygmalion à l’école.

3.Apprendre c’est…? Découvrir: Où elles rappellent les explications de Ken Robinson, qui, après une longue carrière dans l’art, s’est attaché à démontrer l’intérêt de la créativité dans l’enseignement, ainsi que l’effet d’un « mentor » dans l’accomplissement d’une personne. Il explique notamment que notre système éducatif est fondé sur la notion d’aptitude académique. La raison en est que ce système a été inventé à une époque où il n’y avait pas d’enseignement public et où l’urgence était de satisfaire aux besoins de l’industrialisation.

Elles rappellent très justement qu’apprendre c’est aussi apprendre qui l’on est. C’est avoir une vue juste de ses qualités, de ses défauts, de ses capacités, de ses talents et de ses goûts. Que tout ceci est important pour pouvoir gagner assez de confiance en soi pour oser entreprendre, tenter, essayer, prendre des risques, sans pour autant foncer tête baissée dans n’importe quelle direction.

Et puis apprendre c’est vivre avec les autres, apprendre d’eux, développer sa capacité à se mettre en lien et à communiquer. Selon les auteurs l’apprentissage le plus difficile.

Elles notes ensuite qu’apprendre est un processus qui se fait non seulement avec sa tête (le cognitif) où elles citent la pédagogie positive de Maria Montessori, Rudolf Steiner et Antoine de La Garanderie.

Mais aussi avec son coeur, entendez avec son être sensible, son ressenti émotionnel et psychique (peur de se tromper, peur de grandir…).

Et pour finir on apprend avec tout son corps. Où elles citent Peter Gumbel qui souligne dans son livre, On achève bien les écoliers :  « l’idée que poser le cul sur une chaise à des enfants ou adolescents pendant des heures et des heures chaque semaine les rend mieux formés est une connerie prodigieuse ».

 

Sous cette seconde partie, trois thèmes sont déroulés:

1.Préparer sa tête à travailler. Où il est décrit comment procéder avec notamment des petits exercices à faire seul et avec ses enfants pour connaître comment chacun traite les informations qu’il reçoit. Est-ce que vous mettez davantage en action votre vue, votre ouï ou votre odorat? Et rappel par là qu’il y a différents profils d’apprentissage. A savoir Visuel, auditif ou verbal et kinesthésique. Elles décrivent comment développer l’attention et la concentration et font le « distinguo » entre les deux . « je mobilise mon attention si je veux attraper ce que dit l’enseignant. Je mobilise ma concentration si je veux réaliser un exercice jusqu’au bout ». Trucs et astuces pour favoriser l’attention et la concentration: Le mandala, la méthode Vittoz et l’axe de symétrie qui est un petit exercice de recentrage pour enfants très bien expliqué et illustré dans le livre. Puis elles rappellent l’importance d’installer des routines de façon à rassurer l’enfant et à faciliter la coopération notamment pour les devoirs.

2.Préparer son coeur à travailler. Le rôle fondamental des émotions est abordé avec ce qu’est une émotion et le classement de Paul Ekman, en trois catégories: émotions positives, négatives et toxiques. Quel est le rôle des émotions dans l’apprentissage et comment ça se passe dans le cerveau quand les émotions prennent les commandes? Elles expliquent que c’est l’amygdale (cerveau limbique) qui est le centre de traitement des émotions et que le développement neuronal du cortex chez l’être humain n’arrive à maturité qu’à l’âge adulte. Donc il est vain de vouloir raisonner un enfant prisonnier de son amygdale et qu’il vaut mieux laisser retomber les émotions pendant un petit moment pour pouvoir ensuite reprendre un dialogue constructif. Elles donnes des techniques assez intéressantes comme la bulle de calme ou le recentrage par la respiration abdominale pour aider l’enfant à retrouver son calme.

Préparer son coeur à travailler passe aussi par la confiance en soi et la motivation. Attention aux regards sociaux et autres jugements normatifs qui peuvent affaiblir la confiance en soi d’un enfant. Si on leur renvoie, nous parent, une mauvaise image d’eux-mêmes par des réflexions du style « mais qu’est-ce qu’on va faire de toi« , « tu es un feignant » etc…l’enfant prend cette information comme vérité absolue. Alors qu’elles sont les solutions pour favoriser la confiance en soi? Elles rappellent et c’est très important, qu’un enfant est un être en devenir, une personne qu’on doit respecter et qui ne possède pas encore l’expérience et les ressources (physiques, psychiques, morales, financières) pour s’assumer seul. Mais c’est surtout une éponge à émotion! En clair, il est bon de leur apprendre à être indulgent avec soi-même (se dire que l’on fait de son mieux, que si l’on n’y arrive pas aujourd’hui, on y arrivera demain. l’objectif est de ne pas se décourager). Leur enseigner la méthode des petits pas (j’apprends par petits morceaux, ne pas attendre de résultat trop rapide, découper l’objectif final en une série de petits objectifs facilement réalisables.)Et enfin, utiliser une méthode collaborative et ludique pour un travail efficace (être en collaboration avec son enfant et indiquer à son enfant qu’il peut avoir confiance en son parent et qu’il peut accepter son aide). Et surtout travailler sur le modèle que vous projetez (faites attention au « faits ce que je dis mais pas ce que je fais). Quoi qu’il arrive, portez toujours un regard bienveillant sur votre enfant (souvenez-vous de l’effet Pygmalion). Etre toujours conscient des mots et des réflexions que l’on peut faire à son enfant et se poser la question si avec je l’élève ou au contraire je l’abaisse. L’autonomiser pour qu’il ait confiance en lui et qu’il ai la conviction d’être capable de faire des choses tout seul et de les faire correctement. Valoriser sans tomber dans la flatterie qui pour le coup, peut faire peser une pression trop forte sur ses épaules. Il est important de toujours juger les actes et non la personne. Parler positif, par exemple au lieu de dire « ne crie pas », vous pouvez dire « parle plus doucement s’il te plait », au lieu de dire « ne cours pas », vous pouvez dire « marche »etc…Renforcer le comportement positif, est le fait d’arrêter de se focaliser sur ce que l’enfant fait de « mal » mais plutôt se mettre à gratifier et reconnaître tout ce qu’il fait de bien et l’encourager dans sa progression. Car il y en a toujours si l’on utilise se modèle.

3.Préparer son corps à travailler. Ou comment avoir un esprit sain dans un corps sain. Pour se faire il faut veiller à bien respirer et du coup bien oxygéner notre cerveau et ceux de nos enfants (aérer les pièces toutes les demi-heures si vous devez rester enfermé en hiver dans une salle de classe par exemple). Boire de l’eau. Les neurones transmettent les informations grâce à un flux électrochimique. Quel est le meilleur conducteur pour l’électricité? L’eau. Bien manger. Qu’est-ce que ça veut dire? Penser aux vitamines (céréales complètes, fruit…), indispensables au bon fonctionnement des cellules du cerveau. Les oméga-3 qu’on trouve dans les poissons gras (saumon, sardine), l’ huile végétale (colza, noix). Le cerveau est également un gros consommateur de sucres rapides (préférez le miel au sucre raffiné ou sucreries). Bien dormir pour laisser son cerveau faire son travail. Savoir se relaxer est très important aussi pour que le corps puisse rentrer pleinement dans les apprentissages. Elles proposent pour ce faire, un exercice appeler « la poupée de chiffon » qui consiste à faire allonger l’enfant sur le dos et lui demander d’imaginer qu’il est une poupée de chiffon, que ses bras et ses jambes sont tout mous. Lui dire que l’on va lui les bouger dans tous les sens et que lui, doit se laisser faire. L’objectif est qu’il n’émette plus aucune résistance. Elles parlent de la visualisation positive pour apprivoiser les émotions qui, sur le plan neurologique permettent de créer de nouvelles connexions dans le cerveau et de consolider les chemins neuronaux (engrammes). A force de la pratiquer nous reconfigurons dans la durée notre cerveau en mode positif. Alors en quoi ça consiste? Pour résumer, cela consiste à chasser les émotions parasites ( peur, anxiété, colère, tristesse…) et se remplir de positif.

Exercice pratique: Proposer a l’enfant de faire l’exercice du ballon. Invitez le à rassembler tous ses soucis, ce qui le dérange ou le mets en colère. Demandez lui d’imaginer qu’il souffle dans un ballon et qu’à chaque fois qu’il le fait, il remplit le ballon avec tous ses problèmes. Faites le souffler jusqu’à épuisement du stock de problèmes. Ensuite dites lui: « maintenant que tu as déplacé tous tes soucis dans le ballon, ferme le et souffle une dernière fois pour qu’il s’envole avec tes problèmes. Observe à présent comme tu te sent mieux, plus détendu, plus soulagé…Une fois que vous avez aidé votre enfant à se délester du négatif, invitez le à faire le plein de positif. Comment? En faisant un autre petit exercice d’imagination. Demandez à l’enfant d’imaginer qu’il prépare une potion magique…et que dedans il peut mettre toutes les choses, les sentiments, les pensées qui lui font du bien, qui le mettent en joie, qui le rassure. Cela peut être les mots d’amour des parents, son jouet préféré, des compliments, une musique ou chanson, ses amis etc…Il imagine ensuite qu’il la boit tout doucement, en la dégustant et que à chaque gorgée il inspire et souffle doucement pour laisser couler la potion du bonheur à l’intérieur de tout son corps. Il peut dès lors observer comme ça lui fait du bien et comme il se sent calme et joyeux. Elles rappellent ensuite qu’on ne peut pas dissocier une activité physique, d’une activité intellectuelle. Et partage deux exercices de brain gym inventé par un médecin californien Paul Dennison. Le cross crawl (mouvements croisés) et le huit couché.

Et enfin sous cette troisième et dernière partie elles abordent trois autres grands thèmes:

1.Le p’tit Socrate avait raison: Socrate est le philosophe qui inventa la maïeutique, ou comment trouver en soi-même ses propres réponses par un questionnement ouvert. A noter que les questions ouvertes sont toutes celles qui commence par comment? Qui? Quoi? Combien? Où? Quand? Pourquoi? et Pour quoi? Et qui par là, appellent une réponse qui contient des informations et accélère le processus de réflexion. Elles proposent un exercice très simple à mettre en pratique avec votre enfant et qui démontre que cette technique peut servir également à la compréhension et la mémorisation d’un texte avant sa lecture.

Le cerveau est constitué de neurones qui s’interconnectent de façon dynamique. La pensée est donc un système dynamique arborescent. Le système est exponentiel et c’est pour ça que le potentiel de nos enfants est énorme. C’est ce qui peut donner une créativité débordante. Cependant il peut y avoir plusieurs facteurs inhibants. Le premier: la censure. Attention à nous parents à ne pas normaliser et théoriser. Le second facteur: le temps. Laissez vos enfants prendre le temps de faire les choses à leur rythme. Ils pourront alors explorer des idées et être plus créatifs. Oui, parce qu’il faut du temps pour être créatif! Le troisième facteur est l’environnement et l’état physique et émotionnel. Un enfant fatigué, dans un environnement bruyant en proie à des émotions négatives aura beaucoup de difficultés à être créatif. Pour connaitre les facteurs favorisants, c’est simple, se sont les exactes inverses.

2.Le p’tit Aristote dessine des arbres: où le concept d’arborescence d’idées+questionnement qui conduit au Mind Mapping.

Le Mind Mapping (baptisée par nos deux auteurs, la cartographie du cerveau qui réfléchit) consiste à représenter une information de façon spatiale, visuelle et graphique ce qui correspond à la structure de notre cerveau. En effet notre cerveau n’empile pas les idées les unes au-dessus des autres et de façon linéaire comme sur une feuille de papier prise en mode portrait. (voir la théorie de Tony Buzan à ce sujet). Pour mieux comprendre, on sait qu’il est composé  de deux hémisphères qui ne traitent pas les mêmes informations. L’hémisphère gauche c’est plutôt les mots, la logique, le détail et l’analyse. Tandis que le droit traite tout ce qui est formes, couleurs, l’espace et la synthèse.

Le Mind mapping est un outil qui utilise toutes ces données et favorise également la mise en liens de toutes nos idées. Ce qui respecte le fonctionnement naturel du cerveau.

Mind Minpping pour apprendre à apprendre

Utiliser cet outil améliore considérablement les qualités d’attention, de réflexion, de compréhension, de mémorisation et d’imagination. Une étude de l’université de Cordoue rappelle que les cartes mentales améliorent les capacités cognitives (compréhension, organisation de l’information, capacité de réflexion) et les compétences sociales (estime de soi, socialisation des connaissances).

Elles développent aussi le fonctionnement de la mémoire (celle du court terme et celle du long terme) et décrivent comment réaliser une Mind Map pas après pas à l’aide d’une foule d’exemples (à partir de trois ans, en primaire et en secondaire)

Le Mind Mapping et les troubles de l’apprentissage. Elles soulignent que pour les enfants souffrant de dys-(lexie, prexie, phasie), de TDA-H, de TED le Mind Mapping peut considérablement les aider dans leurs apprentissages et même dans la vie de tous les jours.

3.La pédagogie positive à l’école, c’est possible: dans cette dernière partie du livre, elles interrogent des enseignants qui pratiquent la pédagogie positive.

Puis enfin on retrouve une bibliographie et sitographie très riche qui viendront étancher votre soif de connaissances à ce sujet. 🙂

En conclusion, je trouve ce livre très bien conçu. Il peut considérablement vous aider à accompagner votre enfant dans les apprentissages si tentait que vous appliquez les exercices proposés. Un livre à garder à porter de main!

Toutes les photos sont extraite du livre: Apprendre Autrement avec la Pédagogie Positive (Pailleau et Akoun – Eyrolles)

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